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La bibliothèque de la Société républicaine de Saint-Hilaire (1884-1889 ?)

En 1884, une nouvelle bibliothèque est fondée à Saint-Hilaire-lès-Andrésis : la bibliothèque de la Société républicaine d’instruction de Saint-Hilaire. Sa création témoigne de la diffusion des idées républicaines et libérales dans les campagnes du Loiret à cette époque.

Destinée à un lectorat adulte, la bibliothèque de la Société fonctionne en parallèle de la bibliothèque scolaire. Mais son existence fut a priori brève : les archives liées à son fonctionnement sont peu nombreuses et ne vont pas au-delà de l’année 1889.

La Ligue de l'enseignement et la société républicaine d'instruction de Saint-Hilaire

La Ligue de l'enseignement est créée en 1866 par Jean Macé, un militant républicain, socialiste et l'un des chantres de l'éducation populaire.

La Ligue de l'enseignement s'était assignée pour rôle la promotion de l'instruction laïque et ouverte à tous. Très vite, elle a encouragé et accompagné le développement des bibliothèques populaires sur le territoire national. Elle leur proposait des ouvrages à moindre coût ainsi que des fournitures pour assurer leur bon fonctionnement.

La Société républicaine d'instruction de Saint-Hilaire, qui était adhérente à la Ligue de l'enseignement, a bénéficié de l'aide matérielle de l'association. Elle lui achètait des livres et était abonnée à son bulletin. Elle recevait aussi des exemplaires d'un règlement standardisé intitulé « Recommandé au lecteur » qui était à coller sur les contreplats supérieurs de chaque ouvrage. Ce règlement indiquait au lecteur le bon comportement à adopter lorsqu'il manipulait un livre afin de ne pas l'abimer et de favoriser sa consultation par d'autres adhérents.

Jean Macé (1815-194) était un républicain, défenseur de la laïcité et de l’éducation populaire. Actif durant la révolution de 1848, il se cacha en Alsace où il enseigna et écrivit des textes de vulgarisation comme L’histoire d’une bouchée de pain. En 1864, il se consacra à « l’instruction du peuple » en fondant le Magasin d’éducation et de récréation, une revue de vulgarisation. En 1866, il créa la Ligue de l’Enseignement dont il resta le président jusqu'à sa mort.

Règlement « Recommandé au lecteur » diffusé par la Ligue de l’enseignement auprès des bibliothèques adhérentes à la Ligue.

(Archives municipales de Saint-Hilaire-lès-Andrésis)

Reçu de la Ligue de l’enseignement adressé à la Société républicaine de Saint-Hilaire (9 mai 1884)

(Archives municipales de Saint-Hilaire-lès-Andrésis)

Quels livres pour la bibliothèque ?

Un faible nombre de livres

Lors que la bibliothèque ouvre ses portes en avril 1888, elle propose 21 livres à ses lecteurs. La collection grossit légèrement au fil des mois : 41 ouvrages sont recensés en mai 1884, puis 85 en octobre 1885 et 108 en novembre 1886. Le nombre de volumes reste modéré. À la fin de l’année 1888, la bibliothèque contient 137 documents.

 

Des acquisitions réalisées auprès du Cercle parisien

Entre 1884 et 1888, la Société républicaine d’instruction de Saint-Hilaire achète des nouveaux livres auprès du Cercle parisien, qui dépend de la Ligue de l’enseignement. Les factures nous renseignent sur les titres acquis : plusieurs romans d’Alexandre Dumas (Le Collier de la reine, Joseph Balsamo, Le Vicomte de Bragelonne, Vingt ans après), de Victor Hugo (Notre-Dame de Paris, Napoléon le Petit), de Fenimore Cooper (Le Dernier des Mohicans), Eugène Sue (Le Juif errant), de Jules Verne (Vingt mille lieues sous les mers, Voyage au centre de la terre) ou encore d’Erckmann-Chatrian (L’ami Fritz, Madame Thérèse).

Autrement dit, la bibliothèque se dote tout particulièrement de romans à succès afin de répondre aux envies de divertissement de ses adhérents.

 

Un contenu typique des bibliothèques populaires

Comme toute bibliothèque populaire, la bibliothèque de la Société républicaine d’instruction de Saint-Hilaire avait un double rôle, à la fois pédagogique et récréatif, auprès du « peuple ». Elle proposait des ouvrages qui répondaient à l’une ou l’autre de ces deux missions.

Le contenu de la bibliothèque de la société républicaine était typique de ce que l’on pouvait lire dans ces bibliothèques populaires. On y trouvait essentiellement des romans d’auteurs à succès du XIXe siècle : Alfred de Bréhat, Alexandre Dumas, Erckmann-Chatrian, James Fenimore Cooper, Victor Hugo, Thomas Mayne Reid, Jules Verne. On pouvait aussi y lire des ouvrages spécialisés sur l’agriculture, qui devaient répondre aux nécessités des lecteurs du monde rural (Calendrier du bon cultivateur, La chimie agricole de Faustino Malaguti, Les remèdes des champs de Charles Saffray, Les auxilaires de Jean-Henri Fabre) ainsi que des livres d’histoire (La Guerre en province pendant le siège de Paris, 1870-1871 de Charles de Freycinet, Un exemple à suivre la Prusse après Iena de Charles Levin, Les campagnes de la Première République de Paul Gaffarel) ou d’orientation libérale (L’avènement du suffrage universel de Jean Macé).

 

Le fonctionnement de la bibliothèque

Du fait de lacunes dans les archives, nous ne savons presque rien sur le fonctionnement de cette bibliothèque. Plusieurs questions restent en suspens :

  •  Quels étaient les jours et les horaires d’ouverture de la bibliothèque ?
  •  Qui faisait office de bibliothécaire : l’instituteur du village, comme c’était le cas ailleurs, ou les sociétaires ?
  • Pouvait-on emprunter les livres pour les lire à la maison ou la consultation se faisait-elle uniquement sur place ?

Trouver des éléments de réponse à ces questions suppose de découvrir des nouvelles archives au sujet de la bibliothèque de la Société républicaine d’instruction. Les recherches se poursuivent !

D'où viennent les membres de la Société républicaine ?

L'étude des listes des sociétaires, conservées à la mairie de Saint-Hilaire-lès-Andrésis, nous a permis de produire des statistiques sur les lieux d'habitation des adhérents de la société républicaine. À partir de ces données, ont été réalisées des cartes qui permettent de localiser le nombre de membres originaires du bourg ou d'un hameau de Saint-Hilaire. Nous avons également joint une transcription des archives étudiées.

1885

Source : OpenStreetMap

1885

Source : Cadastre Napoléonien (archives départementales du Loiret, 3 P 281/1)

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